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Global History

Sandrine Kott, Eva-Maria Muschik and Elisabeth Roehrlich (ed.), International Organizations and the Cold War. Competition, Cooperation and Convergence, London, Bloomsbury, 2025.

Abstract

The post-WWII era was a time of superpower confrontation
and antagonistic bloc politics, but it was also a period in which
organized internationalism reached its peak as both an ideological
value and a political practice. This open access volume explores
how international organizations affected the evolution and nature
of Cold War rivalries, and how they in turn were shaped by them.
In seeking to understand the role that international organizations
have played as sites of confrontation, this volume also highlights
their role as spaces for mediation and negotiation, particularly
for middle-size powers and colonized or newly decolonized
countries. Through multiple perspectives, based on a diverse
array of historical sources, the authors collectively explore how
international organizations were able to bridge and move beyond
the Cold War divide by promoting common causes and shaping
common scientific knowledge, communities, and practices.
Rather than focusing exclusively on western-dominated
institutions within the UN system which have received the most
scholarly attention to date, International Organizations and the
Cold War highlights the role of lesser-known groups such as
the Paris-based International Child Center, the Prague-based
International Union of Students and historical actors such as
Soviet public health experts and Chinese development specialists.
Sandrine Kott is Professor of History at the University of Geneva,
Switzerland. Her most recent book A World More Equal, An
Internationalist Perspective on the Cold War (2024) studies the Cold
War through the lenses of international organizations.
Eva-Maria Muschik is a historian and Assistant Professor at the
University of Vienna, Austria. Her book, Building States, on the UN
Secretariat, development and decolonization was published in 2022.
Elisabeth Roehrlich is Associate Professor of History at the
University of Vienna, Austria. Her book Inspectors for Peace on
the International Atomic Energy Agency was published in 2022.

Cover

Les réseaux de la coopération intellectuelle. La Société des Nations comme actrice des échanges scientifiques et culturels dans l'entre-deux-guerres

Abstract

Créée en 1921 sur le constat que la reprise du dialogue entre les puissances belligérantes impliquées dans la Première Guerre mondiale ne peut se limiter à une coopération politique et économique, la Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) est un organe de la Société des Nations (SDN) rassemblant des personnalités scientifiques de premier plan comme Henri Bergson, Albert Einstein, Marie Skłodowska-Curie ou Hendrik Lorentz. Instance consultative dans un premier temps, la CICI construit petit à petit autour d’elle une « organisation de coopération intellectuelle » comprenant plusieurs sous-commissions rassemblant des experts en bibliographie, droit d’auteur, échanges académiques, relations universitaires, etc. puis intègre dans son dispositif l’Institut international de coopération intellectuelle (IICI) offert à la SDN par le gouvernement français et inauguré en 1926. Basé à Paris et au bénéfice d’une administration beaucoup plus développée que la CICI à Genève, l’IICI devient rapidement une institution centrale dans l’organisation. Cette thèse s’attache en particulier à comprendre la structuration du champ puis le développement d’une forme de bureaucratisation de la coordination scientifique et intellectuelle. Renversant la démarche consistant à faire une étude des organisations internationales par leur discours ou à ne se focaliser que sur les personnalités les plus marquantes de l’institution, elle propose d’analyser l’activité et la capacité de la CICI à créer du lien au travers d’une indexation fine de ses archives de correspondance. En cartographiant ainsi la circulation de l’information dans un réseau impliquant plus de 3 000 individus concernés par les activités de la coopération intellectuelle pendant ses premières années (1919-1927), cette recherche fait émerger les principales tendances organisationnelles tout en mettant en évidence la situation d’acteurs jusqu’ici peu étudiés dans ce contexte : la catégorie des secrétaires internationaux, dont on peut désormais qualifier précisément la centralité dans les échanges scientifiques et diplomatiques. Cette perspective pluriméthodologique, qui consiste à développer une analyse quantitative et structurelle mobilisant conjointement des théories mathématiques, un outillage informatique et des questionnements archivistiques, est par ailleurs une façon d’interroger le rapport qu’entretiennent les sciences historiques avec les technologies numériques qui s’y font petit à petit leur place. Sans toutefois faire de ces développements techniques une fin en soi, l’apport de telles méthodes d’analyse et de visualisation de réseaux sociaux permet de multiplier les perspectives, de mettre en place des jeux d’échelles qui rendent possible la navigation entre une vision globale de la structure et une approche au plus près des individus. Cette démarche parfois exploratoire de « mise en données » des archives de la Commission de coopération intellectuelle nous amène donc à reconsidérer et recontextualiser l’engagement personnel des individus qui composent la CICI. Le développement de méthodes de visualisation qui rendent possible la comparaison entre le cadre institutionnel officiel de la Société des Nations et la structuration des échanges au niveau individuel permet également de mettre en évidence la discrépance d’un niveau à l’autre. Ainsi, ce travail se concentre en particulier sur les enjeux qui accompagnent la bureaucratisation de l’expertise scientifique confrontée à une administration chargée de la gouvernance globale de nations au sortir d’un conflit mondial : d’une « Société des esprits » débattant sereinement de grandes questions intellectuelles dépolitisées, la CICI devient progressivement une organisation technique plutôt conventionnelle.